Les
bonnes séries de science-fiction sont rares. Il est encore plus
rare de voir des séries populaires de qualité et Cowboy
Bebop en est une. L'ambition des scénaristes et des réalisateurs
n'a pas été de concurrencer Lain -The Serial experiment
ou Evangelion mais bien d'arriver à créer une atmosphère,
un univers SF dans la pure tradition du space-opéra tout en variant
les ambiances. Car si la série se démarque des autres, c'est
bien pour son ambiance. Ambiance musicale tout d'abord, avec la musique
de Yoko Kanno, pas de déchaînement symphonique, pas de énième
copie de Star Wars, tout au contraire, c'est de blues dont il s'agit.
Parce que les personnages et les décors évoquent le western,
le ton de la bande-son est au blues et au jazz, quelques petites valses
et bossa nova, et un ou deux morceaux très différents pour
des épisodes marquants. Cela peut dérouter le fan de SF lorsqu'il
entend du jazz pour illustrer un combat spatial, mais une fois pris par
l'action, on est forcé de reconnaître que le choix est merveilleux.
Toutefois, si l'ambiance est au blues, c'est parce
que l'histoire alterne des moments de grande noirceur et de tragique avec
le parodique et la douce loufoquerie. Il est rare de voir de tels changements
de ton dans une série, d'un épisode à l'autre (mais
pas n'importe comment, les épisodes les plus dingues précédents
souvent les épisodes les plus tragiques), et cela participe au charme.
On suit avec tendresse une bande de loosers magnifiques. Le plus
souvent sans le sou parce que l'important est plus le style et l'image
que l'on a de soi et de l'univers que le fait de vaincre, les héros
vagabondent dans l'espace en fuite où à la recherche d'eux-mêmes.
Car Cowboy bebop est bien une histoire sur
la fuite et l'oubli, sur le passé qui colle aux semelles de chacun
et s'acharne à vous rappeler que vous avez commis des erreurs ou
que vous avez été trahis. Les personnages sont adultes et
leur passé est lourd, pas forcément glorieux. Rien ne leur
est épargné et tout se paie. Bien souvent, les épisodes
concerne l'un des passagers et soulève un coin du voile sur son
passé : Spike et sa vie d'homme de main de la mafia, Jet Black l'ex-policier,
Faye, la gitane réveillée après sa cryogénisation.
Parmi tous ces individus noyés dans leur passé, surnagent
Ed et Ein qui représentent à la fois le délire et
la raison (dans l'ordre).
Les personnages principaux ne sont pas des surhommes.
Ils savent tuer, voler, escroquer, parce qu'ils ont vécu, parce
qu'ils ont été blessés. Leur vision cynique du monde
est liée à cette expérience. C'est un monde qui n'a
pas de passé. La Terre ayant été abandonnée,
tous les humains voyagent sans origine et tentent de créer des petits
instants de calme, de petits havres où le voyageur peut s'arrêter.
Cela peut être le convoi d'une routière de l'espace, le bar
de l'ancienne petite amie de Jet Black, une boîte à musique.
Pour lutter contre cet effacement, la divination tente de baliser l'avenir
à ceux qui refusent de voir leur passé. Dans beaucoup d'épisodes
la divination se présente sous des formes diverses : chamanisme
indien, Yi-king, cartes à jouer. Même le si pragmatique Jet
Black cherche des réponses dans la coupe de ses bonzaïs. Déboussolés,
les héros ne savent pas trop à quoi se rattacher. Ils forment
une équipe, où chacun a besoin de l'autre mais refusent de
se l'avouer. Prisonniers dans leur solitude, ils poursuivent des illusions.
Ils sont minuscules et pathétiques dans un univers trop grands pour
eux.
Et pourtant, quelques instants de grâce. L'hommage
à un guerrier qui se repose, la danseuse dans sa boîte à
musique, un Ave Maria dans un opéra. Malgré tout et malgré
le Monde.
Résumé : Quelque part dans le système solaire, dans la deuxième moitié du XXIe siècle, trois chasseurs de prime, Spike Spiegel, Jet Black et Faye Valentine. Luttant contre la famine et le manque d'argent, ils tentent de fuir leur passé et de trouver des réponses sur leur avenir.
retour vers la page d'Erion
Pour toute remarque, suggestion ou autre, écrivez-moi : olivier.paquet@free.fr