
Histoire :
Yoko Nakajima est chef de classe dans son lycée au Japon. C'est une élève timide, très soucieuse de ce que les autres pensent d'elle. Sa seule fantaisie, c'est d'avoir teint ses cheveux en roux, mais son père exige qu'elle reprenne sa couleur d'origine. Yoko est tout l'inverse de sa camarade Yuka Sugimoto, beaucoup plus sauvage, solitaire, plongée dans des livres sur les mythologies. Un après-midi, un étrange personnage aux longs cheveux blancs et vêtu à la chinoise, Keiki, débarque dans la salle de classe et prête allégeance à Yoko. Aussitôt, cette dernière est attaquée par un gigantesque oiseau. Keiki donne à la jeune fille une épée pour se défendre, mais devant sa passivité et son manque de courage, il fait entrer en elle un esprit, le Hinman, qui contrôle son corps afin de tuer l'oiseau. Aussitôt après, Keiki emmène Yoko, Yuka et leur ami Asano dans un grand trou dans le ciel, qui s'avère être le passage entre le Japon et le monde des 12 contrées.
Séparés de Keiki, les trois jeunes japonais se retrouvent dans le royaume de Kou. Ils sont considérés comme des Kaikyakus, des étrangers, et sont pourchassés afin d'être exécutés, car ils sont accusés de provoquer des cataclysmes. Trahis, affamés, toujours la proie de monstres appelés youmas, les trois jeunes gens tentent à la fois de survivre et de trouver le moyen de retourner chez eux.
Critique :
Quand on regarde le premier épisode, on a l'impression d'être dans une énième version d'un classique archi-rebattu "la jeune lycéenne envoyée dans un monde parallèle" : Fushigi Yugi pas mort. Mais très rapidement, on sent que l'histoire a de la profondeur et les personnages ne sont jamais caricaturaux, ajouté à cela un monde très inspiré de la mythologie chinoise et l'on obtient l'une des meilleures séries de fantasy du moment. La réalisation est impeccable, quoique sans originalité particulière.
Le personnage principal, Yoko, énervera plus d'un dans les premiers épisodes : elle ne fait que pleurer, geindre, etc... Totalement insupportable. Cependant, son évolution psychologique au fil des épisodes est l'un des grands points forts de la série. Livrée à elle-même, perturbée par un esprit-singe qui se sert de son épée pour lui montrer les "vrais" sentiments de ses parents ou de ses anciens camarades de classe, elle évolue, s'endurcit, devient cynique, à moitié-folle, voire sanguinaire, puis change encore, apprend, décide. Toutes ces évolutions naissent de l'histoire et ne sont pas plaquées dessus, on se prend vraiment de sympathie pour Yoko, pour ses doutes et sa volonté, ce qui en fait un personnage très réussi et bien campé.
Mais l'autre aspect vraiment original et qui suffit à faire de Juuni kokki une bonne série, c'est le monde en lui-même. Chaque contrée est dirigée par un empereur assisté de son Kirin (non pas le dragon japonais, mais le cheval unicorne chinois). C'est le Kirin qui choisit l'Empereur, sans respecter le lien du sang, afin que l'Empereur assure la prospérité de son royaume. Une grande partie de l'histoire tient aux conséquences de ce lien, à la logique qui en découle sur les relations entre les royaumes, les jeux de pouvoir, etc. L'autre principe du monde, c'est que les enfants naissent dans les fruits d'un arbre et non dans le ventre des femmes. A partir de ces deux principes, l'histoire se bâtit de manière naturelle, sans avoir besoin d'un "vieux démon endormi sur le point de se réveiller", ni de "grand méchant Overlord (tm)", sans manichéisme excessif et avec grande subtilité.
Enfin, et c'est suffisamment rare pour qu'on le souligne, on y trouvera aussi une critique de la société japonaise, surtout de l'obligation d'être "comme les autres", de correspondre à l'image que se font les autres, aux relations entre parents et enfants. Bref, une critique de l'obligation du contrôle de soi pour respecter un certain code de bonne conduite qui s'apparente à de l'hypocrisie, ou à de la couardise. Cette série est tirée d'un roman, ce qui explique sans doute la richesse des thèmes, et l'inventivité qui règne dans le monde décrit. Ce n'est pas de la fantasy à la Tolkien ou à la Eddings, et à partir d'un canevas ultra-classique, Juuni Kokki renouvelle totalement le genre. Espérons que la suite et la fin confirmeront les bonnes impressions du début (12 épisodes fansubbés actuellement).