« Un illusionniste est un magicien raté ! »
— C’est toujours le cas, maître ?
— Oui, les illusionnistes nous imitent, mais ce sont des trucages. Ils ne savent pas manipuler la réalité !
— Pourquoi la population les aime alors ?
— Le peuple aime les rêves, disciple !
La flèche était profondément
fichée dans l’épaule. La chair était rouge et boursouflée,
légèrement nécrosée. Le mage Alfredo inspecta
la blessure de l’archer avec inquiétude. Il craignait d’abîmer
les muscles et d’handicaper cet homme. La ville avait besoin de ce soldat
: les attaques des gobelins étaient fréquentes ces derniers
temps et chaque guerrier comptait. Le seigneur Philippe de Tréguen
avait engagé Alfredo pour venir protéger la population. Tout
juste sorti des Grandes Tours, le jeune homme avait accepté cette
mission facile : la seule magie des gobelins résidait dans leur
rage interne et elle n’était qu’instinctive. Il suffisait d’assister
les gardes du comte, de soigner et d’enchanter les armes, de protéger
et piéger les fermes à l’extérieur des remparts. C’était
à la portée d’un jeune diplômé comme Alfredo.
Tout aurait été parfait s’il n’y avait eu l’illusionniste
Gabriel.
Alfredo déposa un onguent autour de la plaie et commença à masser. L’archer frémit de douleur, mais se retint de grogner. Lorsque la crème se mit à luire, le mage prononça une série de mots erganiques et traça la rune de l’Air. Des particules de lumière rose dorée coulèrent le long de la hampe de la flèche. Le bois se couvrit de rayures brunes. Alors le mage tira sur la flèche, d’un seul coup. Il la jeta à terre et se concentra à nouveau sur l’épaule de l’archer. Il termina l’opération en invoquant l’esprit de l’Eau qu’il portait en pendentif. Lorsqu’il reprit enfin sa respiration, Alfredo vit avec satisfaction la plaie se refermer et les chairs se désenflammer. Dans deux minutes, la blessure ne laisserait plus qu’une légère cicatrice blanchâtre, pour s’effacer avec le temps. Il n’y aurait aucune séquelle.
« Beau travail, mage !
La belle voix de la chef des gardes seigneuriaux
retentit dans le dos d’Alfredo. Elle avait assisté, inquiète,
à l’acte magique qui soignait son archer. Le jeune homme était
impressionné par la stature et la puissance de cette femme : bien
que jeune, elle avait su s’imposer à ses hommes et il était
facile de comprendre pourquoi. Elle était dure et âpre dans
le combat, sévère avec ses hommes pendant les entraînements,
sèche dans ses ordres, mais attentionnée et maternelle lorsqu’ils
étaient blessés.
— Qu’il se repose une journée, sans utiliser
son bras droit et il vous reviendra totalement opérationnel. C’est
un solide cet homme !
La chef hocha la tête. Elle parlait peu, mais
comprenait vite.
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