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Olivier Paquet. L'identité historique tchèque : le modèle
historique masarykien et l'action politique, 245p. Mémoire IEP : Grenoble, IEP 1994, dir. Alexandre
Bourmeyster. (Consultation sur place).Résumé
: Il existe peu de nations qui ont accordé autant de place
au débat historique que les Tchèques. Thomas Masaryk, président
de la Tchécoslovaquie pendant l'entre-deux-guerres, héritier
des conceptions panslavistes véhiculées par Herder, y ajoute
ses idées universalistes et humanistes. Le philosophe qu'il était,
devient homme politique s'attaquant aux problèmes de son temps et
définissant un programme national. La Première Guerre mondiale
est l'occcasion pour lui de confronter sa pensée à ce conflit.
Mais Masaryk et ses héritiers n'ont pas totalement rompu avec leurs
visées messianiques. En conclusion, L'identité historique tchèque
peut trouver une norme dans la démocratie, la liberté et la
responsabilité (ce qui était le programme du "révolutionnaire"
Masaryk), mais le combat politique a ses contraintes qui empêchent
cette norme de se réclamer comme un absolu théorique. (Extraits
de la conclusion, pp. 169-171)
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Olivier Paquet. L'organisation de l'Etat et les minorités en Europe
centrale : la voie démocratique de la Tchécoslovaquie de l'entre-deux-guerre, 246p. Mémoire DEA : Etudes politiques : Grenoble, IEP,
1995. dir. Jean-Paul Burdy. (Consultation sur place). Résumé : L'Empire austro-hongrois
n'était pas parvenu à fédérer les peuples slaves
autour de l'idée monarchique : victime de l'influence de l'élément
germanique, l'Etat pouvait toujours être soupçonné de
partialité. Le Dualisme avait conforté les peuples de l'Empire
dans cette conviction. Leur loyauté n'était pas récompensée.
Cependant la Monarchie ne fut pas un ensemble monolithique : des projets
de réforme circulaient et s'opposaient. L'Empire, brisé économiquement
et politiquement par la Première Guerre mondiale, ne put retenir les
forces centrifuges qui le parcouraient. L'idée masarykienne d'une
Tchécoslovaquie indépendante devait permettre à la démocratie
de s'installer en Europe centrale. Les Droits de l'Homme, l'égalité
entre les individus devaient garantir aux minorités qu'elles seraient
bien traitées. La Tchécoslovaquie de cette époque fut
confrontée à la difficulté d'intégrer des minorités
dans un projet politique précis : il était difficile pour des
peuples, jadis dominant, comme les Allemands et les Hongrois, d'accepter
le nouveau statut de citoyen tchécolovaque. La difficulté à
créer ce lien entre l'Etat et les minorités a offert la possibilité
pour les pays limitrophes (Allemagne et Hongrie) d'utiliser ces dernières
comme instrument politique. (Extraits de la conclusion, pp. 170-171)
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Olivier Paquet. "La Tchécoslovaquisation de la Slovaquie : analyse
du "Discours au Slovaques" d'Edouard Beneš du 7 décembre 1933" in: Essais sur le Discours de l'Europe éclatée, 1996, n°13, pp. 61-77. Résumé
: Qu'est-ce qu'être Tchécoslovaque? Est-on un Tchéco-slovaque ou un Tchécoslovaque ? Ces questions expriment
un point essentiel de l'Histoire de la République de l'entre-deux-guerres
: la volonté affirmée de justifier l'unité des deux
peuples contre les revendications minoritaires (hongroises puis allemandes
notamment). Les Hongrois n'ont jamais accepté la perte de la Slovaquie,
d'autant plus qu'ils n'ont jamais considéré les Slovaques comme
un peuple à part entière. Les campagnes de Presse hongroises
ont beaucoup d'impact dans la mesure où, dans le même temps,
les Slovaques se plaignent de la prépondérance de l'élément
tchèque dans la République. Contre ces tensions, Benes veut
renforcer l'unité tchécoslovaque tant sur le plan intérieur
qu'international. Ce discours, édité en version française
dans le "Monde Slave" en février 1934 est donc, à la fois une
réponse au problème intérieur de la Slovaquie qu'une
démonstration de la validité du concept tchécoslovaque.
A travers cette opposition entre le national et l'international se dessine
la vision de Benes d'une Tchécoslovaquie où l'on ne distinguerait
plus les branches tchèques et slovaques. Le 14 mars 1939, les Slovaques
décidèrent (sous la pression de Hitler) de se séparer
de leurs frères tchèques, mettant fin, pour un temps, à
l'idéal tchécoslovaque démocratique dont ils étaient
un élément indispensable pour Benes. Ce discours et ses conséquences
montrent qu'une identité nationale ne se décrète pas
en fonction de critères objectifs (langue, ethnie, religion, etc.),
selon des "lois biologiques ou sociologiques" comme le disait Benes, elle
est plutôt la somme de circonstances historiques et politiques et de
la conscience d'une communauté de destin.
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Olivier Paquet. "L'Etat tchécoslovaque
face à sa diversité (1918-1938) : processus de création
d'une communauté politique dans un Etat multinational"in
: Essais sur le Discours de l'Europe éclatée, 1998, n°14, pp.25-41. Résumé
: Née du problème des nationalités la République
tchécoslovaque dut assurer la transition entre une monarchie et une
démocratie républicaine, créer des institutions, instaurer
de nouvelles règles pour régir la vie publique : en bref, elle
devait modifier les rapports de pouvoirs existants avant la chute de l'Empire
Austro-Hongrois. Bien que fondée sur les modèles politiques
anglo-saxons et français, elle ne sut résoudre le conflit des
Sudètes en 1938. Pour expliquer cela, il faut comprendre que la Tchécoslovaquie
montre la difficulté de concilier la diversité et l'unité
dans un ensemble multinational. Cela pose la question de savoir si il peut
exister plusieurs façons d'appartenir à une communauté
politique, plusieurs façons d'être citoyen d'un même Etat?
La Tchécoslovaquie, en adoptant le modèle de l'Etat-Nation
à la française a-t-elle répondue à cette difficulté
et à cette diversité? Après un bref rappel historique,
l'article tente de replacer l'Etat comme centre de recomposition et de transformation
des pouvoirs et des institutions en vue de l'émergence d"une communauté
politique. Ensuite, une méthodologie de l'étude de ce processus
est présentée en deux temps : tout d'abord, repérer
les différentes institutions et pouvoirs qui ont créé
des communautés concurrentes de celle de l'Etat, puis déterminer
si dans des lieux de pouvoir, les relations entre ces acteurs politiques
aboutissent à la prise de conscience d'un destin commun.
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Olivier Paquet. La démocratie
tchécoslovaque et ses problèmes nationaux (1918-1939), Grenoble 2, Thèse de Science Politique débutée
en Décembre 1995, sous la direction du professeur Maurice Croisat.
Résumé : La Première
République tchécoslovaque, créée par Tomáš
Masaryk et Edvard Beneš constitua une expérience quasi unique en Europe
centrale et orientale : celle d'unir politiquement dans une même communauté
de destin, des peuples avec des histoires et des traditions différentes.
Même si Tchèques, Allemands, Slovaques et Hongrois avaient des
liens, ils n'avaient jamais experimenté une telle forme de coexistence
démocratique. Cette thèse a pour objectif de comprendre comment
l'Etat central a voulu composer avec ces différentes identités
en concurrence. Dans la relation qui s'établit entre les minorités
et l'Etat, à travers la conception du citoyen tchécoslovaque,
des droits accordés aux groupes ethniques par rapport aux droits individuels,
se joue la création de la nation tchécoslovaque, dans son sens
politique, à l'image de ce qui a été tenté en
France et et aux Etats-Unis. Ce que montre l'étude du cas tchécoslovaque,
au-delà de l'aspect historique, c'est le processus qui transforme
la revendication identitaire propre à des groupes ethniques en l'affirmation
de l'existence d'une nation, qu'elle soit sudète ou slovaque. Contraintes
socio-économiques locales et conflits de générations
politiques révèlent les ambiguïtés et les contradictions
des élites politiques tchécoslovaques. Les partis nationalistes
ont trouvé dans le discours identitaire le moyen de concurrencer les
autres partis fondés sur des objectifs non-ethniques.
Les Accords de Munich en 1938 et la proclamation de l'Etat slovaque en mars
1939 montrent comment l'ethnicité se transforme en ressource politique.
L'exemple tchécoslovaque met à jour les difficultés
que doit affronter un Etat pour construire une nation politique, en dépit
de fondements démocratiques solides et modernes.